COMÉDIE-FRANÇAISE

COMÉDIE-FRANÇAISE

COMÉDIE-FRANÇAISE

La longue histoire de la Comédie-Française, appelée aussi Maison de Molière ou Théâtre-Français, est celle d’une institution nationale, traversée d’intrigues, de révoltes de palais, de triomphes et de polémiques. L’acte officiel de fondation de la Comédie-Française date de mars 1804 et le décret en a été promulgué par Napoléon à Moscou en octobre 1812. C’est Louis XIV qui, en 1680, en avait jeté les bases, en ordonnant de réunir les comédiens de la troupe de Molière à leurs rivaux de l’hôtel de Bourgogne. À la mort de Molière déjà, en 1673, ses comédiens et ceux de la troupe du Marais s’étaient installés dans le théâtre Guénégaud, aménagé par le marquis de Sourdéac au jeu de paume de la Bouteille. En 1689, la nouvelle troupe s’installe rue Neuve-des-Fossés-Saint-Germain-des-Prés, dont quelques vestiges subsistent au quatorze de la rue de l’Ancienne-Comédie. Les «comédiens-français» inaugurent la salle, qui restera la leur jusqu’en 1770, avec Phèdre et Le Médecin malgré lui , préfiguration de ce qui restera leur mission: être les gardiens du répertoire. Leur organisation varie peu, ponctuée de contrats d’association des comédiens et d’actes royaux. La recette est partagée; un certain nombre d’officiers royaux assurent l’administration: c’est l’objet du règlement de 1757. Les représentations débutent à dix-sept heures, après vêpres, et comprennent une œuvre sérieuse pour commencer et une pièce gaie pour finir. Leur salle menaçant ruine, les comédiens-français déménagent, en 1770, pour l’ancienne salle des Machines, aux Tuileries, aménagée en théâtre de deux mille places par Soufflot. En 1782, la Comédie-Française prend possession de la salle construite par Peyre et Wailly en face du Luxembourg. La nouvelle salle, qui peut accueillir plus de deux mille personnes, fait triompher l’architecture scénique «à l’italienne», que les réformateurs, parmi lesquels Voltaire, appelaient de leurs vœux pour rénover la forme rectangulaire, héritée des anciens jeux de paume. En 1759, les spectateurs avaient disparu des côtés de la scène. À la même époque, la décoration scénique traditionnelle du «palais tragique» ou du «carrefour comique» évolue; à partir de la Mérope de Voltaire, les décors successifs l’emportent sur le décor unique. Le public vient nombreux à la Comédie-Française. Le prix des places, qui avait beaucoup augmenté au XVII^e siècle, n’a presque pas bougé au XVIII^e. Mais l’esprit du public, lui, a changé: l’enthousiasme de l’hôtel de Bourgogne a fait place à une émotion raisonnable. Marmontel nous le dit en 1782: le parterre assis est «plus difficile à émouvoir». L’époque romantique voit les comédiens-français défendre les traditions classiques. Les sociétaires réclament en 1833 un directeur (qui devient administrateur en 1847), représentant du gouvernement, prince qui ne gouverne rien ni personne.

Depuis 1790, le Théâtre-Français occupe une dépendance du Palais-Royal; il a été reconstruit après l’incendie de 1900. La Maison de Molière est une des plus belles salles de Paris; les couloirs eux-mêmes, peuplés de bustes et de portraits, les tapis, les lumières persuadent l’admirateur que tout ici est fait pour un mystère, que d’autres veulent nu: le théâtre. Théâtre de la grandeur, où d’excellents acteurs ont parfois animé des mises en scène plus audacieuses qu’il n’y semblait. Théâtre des servitudes, car la nomination d’un administrateur général prend la dimension d’une affaire d’État. Émile Fabre l’a dirigé de 1913 à 1936, puis Édouard Bourdet de 1936 à 1940; Jacques Copeau n’y resta qu’un an. Jean-Louis Vaudoyer assumera une activité dramatique intense pendant la guerre, de 1941 à 1944. En 1947, Pierre-Aimé Touchard prend la direction de la Comédie-Française, mal remise de la crise de 1946 qui avait provoqué le départ de nombreux comédiens. Pierre Descaves puis Maurice Escande ont dirigé la Maison jusqu’en 1970. Mais, c’est le comité composé de six membres (trois élus, trois nommés par le gouvernement), sous la conduite du doyen, qui définit la politique à suivre et distribue les parts aux sociétaires. Après la guerre, la tragédie y a été délaissée. Une troupe riche d’acteurs comiques de grand talent a conduit la Maison à évoluer entre le vaudeville distingué et un théâtre factice. La troupe la plus originale et la plus ancienne du monde s’ouvre pourtant timidement sur l’extérieur. On a essayé plusieurs fois d’y représenter des modernes, et surtout de faire appel à des metteurs en scène extérieurs (Jean-Marie Serreau, Antoine Bourseiller), dont les réalisations ont fait bouger, sinon les vieilles structures, du moins la façon de jouer. Aussi le bilan de la Comédie-Française est-il devenu plus difficile à établir. Son style est, certes, encombré de traditions stérilisantes pour la création (et dans lesquelles se reconnaît une partie du public), mais des tendances apparaissent, avec les jeunes comédiens et des metteurs en scène comme Jean-Paul Roussillon, qui annoncent un renouveau. La Comédie-Française a repris certaines méthodes d’organisation du public, expérimentées par les théâtres populaires. Dans cette politique, à la fois d’ouverture et de nouveaux auteurs, et d’invitations adressées à des metteurs en scène extérieurs, l’action des derniers administrateurs s’est révélée prépondérante: Jean-Pierre Vincent de 1983 à 1986, Antoine Vitez de 1988 à 1990, Jacques Lassalle de 1990 à 1993. En 1993, Jean-Pierre Miquel a été nommé administrateur de la Comédie-Française.

Comédie-Française

(la) le Théâtre-Français officiel, appelé parfois le Français, situé dans un bâtiment annexe du Palais-Royal, à Paris. Sa troupe fut constituée par arrêt du roi Louis XIV en 1680.

Encyclopédie Universelle. 2012.